Approcher la Chine contemporaine par le biais de différents phénomènes qui émergent à l’international permet non seulement de s’intéresser à son impact sur le reste du monde, mais aussi de porter le regard sur les transformations de la société chinoise contemporaine. Les circulations de produits, de capitaux, de personne ou de éléments liés à la culture chinoise à l'international permettent à la fois de comprendre comment la Chine se transforme. Ainsi par exemple en l'accroissement des touristes chinois à l’étranger rend aussi compte de l’émergence d’une classe moyenne en Chine ; l’expatriation d’ouvriers chinois illustre les inégalités régionales  qui traversent l’économie chinoise …  

En s’intéressant aux individus qui migrent, étudient, voyagent, et aux entreprises qui investissent ou commercent, il est possible de réfléchir aux impacts de l’internationalisation de la Chine dans différents contextes et différents secteurs. Ainsi par exemple, l’arrivée des produits chinois dans les pays faiblement industrialisé d’Afrique a des conséquences économiques ou en terme de consommation très différente que dans un pays émergent ou de l’OCDE. 

Cet « impact » de l’internationalisation de la Chine ne doit toutefois pas être réduit à un seul impact économique, mais nous permettre aussi de réfléchir aux transformations des manières de faire, de consommer, de se distraire ou de produire dans le monde résultant de l’émergence économique de la Chine.  Aujourd’hui la culture chinoise s’exporte, et pas seulement pas le biais des Instituts Confucius ou des médias chinois. Partout émergent des intermédiaires ou médiateurs locaux de la culture chinoise se réappropriant les pratiques thérapeutiques ou les arts martiaux chinois. 

L'analyse des circulations de personnes, de produits et de savoir venant de Chine ne doit pas nous faire mettre de côté le rôle des acteurs étatiques. L'objectif du cours est aussi de remettre les États au cœur de notre questionnement.

1. La circulation des produits et l’accroissement des investissements chinois a un impact important sur les sociétés, mais les États jouent un rôle important dans ce processus. Le gouvernement chinois oriente, encourage et accompagne les investisseurs, alors que les États du Suds et du Nords, cherchent à les attirer ou au contraire à les limiter.

2. Les circulations des personnes ne se résument pas à des choix individuels ou familiaux, puisque là encore les États sont à la manœuvre en cherchant à limiter ou à attirer cette migration. En effet, la Chine peut choisir de faciliter ou non la migration alors que les pays d’accueil peuvent chercher à attirer certains profils de migrants. Par ailleurs, l’Etat chinois cherche de plus en plus ouvertement à contrôler les communautés chinoises de l’étranger.

3. Les circulations des savoirs et de savoir-faire ont d’abord transité à travers des parcours individuels, migratoires, ou d’études… mais depuis quelques années le gouvernement chinois est de plus en plus actif pour soutenir l’internationalisation de certains éléments de la culture chinoise à travers la mise en place de centre Confucius, l’octroi de bourses d’étude, ou le soutien à des évènements culturels ou sportifs.

Dès lors l’internationalisation de la Chine n’a plus seulement un impact sur tel ou tel secteur économique mais son impact est de plus en plus global au point que la question des conséquences de l’émergence de la Chine prend désormais une place dans le débat publique et dans les agendas politiques de nombreux pays. Un peu partout des législations sont adoptées pour « protéger » les industries nationales jugées « stratégiques », pour prévenir « l’accaparement » des terres ou de l’immobilier. Plus encore, dans certains pays, la question des « ingérences chinoises » dans la vie politique, du « contrôle » des communautés chinoises devient récurrente.

Pour aborder les craintes et les réactions que suscitent l’internationalisation de la Chine dans une diversité des contextes, nous proposons quelques pistes de réflexions qui sont loin d’être exhaustives :

• les modalités de circulation des individus, des biens ou des savoirs dans différents contextes ;

• l’entremêlement des logiques privées et publiques dans les différentes formes de circulations ;

• la diversité et la spécificité des formes de mobilisation et de réaction à la présence chinoise ;

• la structuration du débat politique autour des « menaces chinoises » ;

• le positionnement des communautés chinoises nationales face à la montée des tensions avec la

Chine ;