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et programmations urbaines

                                                                                       Métropolisation de "Bienne la rouge"

Le thème proposé cette année est Mémoires et programmations urbaines: métropolisation de "Bienne la rouge".

Il s'agira pour les étudiant-e-s et leurs enseignant-e-s d'analyser, à partir du cas des villes ordinaires suisses, de comprendre la façon dont les mémoires collectives (pour reprendre l'expression de Maurice Halbwachs (1950)), c'est-à-dire à la fois les « cadres sociaux de la mémoire », populaire ordinaire, et leurs traces dans l'espace construit, contribuent à « fabriquer de la ville », non seulement dans le présent, en ce qu’elles parviennent à préserver par le souvenir des formes anciennes de la ville, mais aussi dans le futur, en ce qu’elles permettent de projeter à partir du souvenir. D'un point de vue théorique, ces questions s'appuieront sur un corpus de textes relatifs à la Suisse urbaine et en particulier 'Portrait d'une Suisse urbaine' de Studio Basel et la notion de métropole horizontale de Paola Vigano appliquée à la Suisse, ainsi que les écrits de Michel Bassand et de son équipe sur le phénomène de métropolisation en Suisse.

Cette année, l'UED s'attachera à étudier le cas de Bienne, ville marquée par une histoire des politiques municipales de gauche et un riche passé industriel.

L'idée fondamentale que nous défendons dans cette UE est qu'il est nécessaire, pour que les transformations urbaines ne résultent pas de la seule imposition des acteurs publics ou des entreprises privées, mais aussi des pratiques sociales et spatiales les plus ordinaires de tous les habitants et usagers permanents ou éphémères, - indispensable même, de « convoquer » toutes les mémoires sociales à participer dans le présent à la programmations de telles transformations. Qu'il s'agisse effectivement de la production d'espaces XXL ou XXS, la prise en compte politique et scientifique des mémoires collectives dans leur rapport au processus d'urbanisation détermine fortement les conditions d'un développement urbain durable réel, c'est-à-dire autant matériel que social. Alors que, par l'invention d'un patrimoine historique reconnu dans le projet moderne, le passé et la mémoire individuelle ont été considérés comme des moyens de (re)créer de la valeur foncière, la mémoire collective est désormais un des principaux éléments de projets urbains novateurs, cela en vue d'une nouvelle transition urbaine plus démocratique.

En amont de ces débats, nous proposons de questionner sur trois plans les liens entre une « politique de la mémoire» encore largement à inventer et le développement social de la ville: (1) apaisement des relations entre passé et futur; (2) participation des habitants (dans cette perspective, nous ne considérons pas les mémoires collectives comme des biens symboliques, mais comme le moteur d’une politique de la ville devant choisir en permanence ce qu’il faut détruire et ce qu’il faut sauvegarder pour qu’une ville demeure à la fois dynamique et habitable); (3) capital social et d’intensité urbaine (en termes d’appropriations, d’urbanité, de sociabilités, etc.).